DEUXIEME PARTIE


CHAPITRE PREMIER
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LE MAGNETISME, SON HISTOIRE.

En sortant des graves discussions des chapitres précédents, il semblera peut-être bizarre à certaines personnes de nous voir aborder un sujet tel que le magnétisme, science qui, jusqu'alors, n'a pu trouver droit de cité dans les académies.

Longtemps méconnu, bafoué et même pourchassé, le magnétisme, comme toutes les grandes vérités, a la vie dure ; loin de dépérir sous le vent des persécutions, il a pris un développement considérable et se présente à nous avec son cortège d'hommes illustres et érudits, avec ses millions d'expériences probantes, comme pour montrer à l'humanité de quelles aberrations les corps savants sont capables.

De nos jours, il s'opère une réaction en sa faveur. De tous côtés, les journaux, les revues médicales s'occupent des faits merveilleux produits par l'hypnotisme : nom nouveau dont le magnétisme s'est revêtu. A l'abri de ce pseudonyme, il s'est glissé dans le sanctuaire des princes de la science qui, ne le reconnaissant pas tout d'abord, lui ont fait bon accueil ; mais aujourd'hui, voyant à qui ils ont affaire, ils voudraient dénier sa parenté étroite avec le magnétisme qu'ils continuent à proscrire.

Avant d'étudier ce nouveau venu dans un chapitre particulier, il faut nous occuper du magnétisme proprement dit.

La première partie de cet ouvrage a établi que la science n'autorisait personne à parler en son nom, lorsqu'il s'agit de combattre l'existence de l'âme. Les physiologistes les plus éminents reconnaissent leur impuissance à expliquer la vie intellectuelle sans l'intervention d'une force intelligente. La philosophie conclut à la nécessité du principe pensant ; l'expérience, à son tour, par les procédés du magnétisme, prouve jusqu'à l'évidence la présence de l'âme comme puissance directrice de la machine humaine.

Depuis un siècle, des recherches minutieuses se poursuivent sur ce domaine. Des hommes sérieux, convaincus et dévoués, ont démontré que le charlatanisme n'a aucune part dans les véritables actions magnétiques, et que l'on se trouvait en face d'une modification nerveuse qu'il était bon d'étudier.

Puységur, Deleuze, Du Potet, Charpignon, Lafontaine, etc., tous gens de science et d'une honnêteté incontestée, ont décrit dans leurs nombreuses publications des milliers d'expériences véridiques constatées par des procès-verbaux signés des noms les plus honorables et les plus connus. Nier aujourd'hui les faits serait de l'enfantillage ou de la mauvaise foi.

Afin de montrer notre impartialité, nous ne prendrons pour notre démonstration de l'existence de l'âme que des expériences bien avérées ; nous les puiserons en grande partie dans le rapport sur le magnétisme fait à l'Académie de médecine, et lu dans les séances des 21 et 28 juin 1831, à Paris, par M. Husson, rapporteur.

Les autres témoignages seront empruntés, tantôt à des adversaires des doctrines spiritualistes, qu'on ne pourra accuser de complaisance ; tantôt à des écrivains spéciaux qui ont traité ces questions, mais, dans ce cas, leur récit est appuyé de l'autorité de médecins qui en ont suivi toutes les phases. De cette manière nous pouvons raisonner sur des observations authentiques et en tirer des conclusions aussi nettes que celles qui se dégagent de l'étude de la nature et qui ont été formulées sous le nom de lois physiques et chimiques.