INTRODUCTION

  • ... il n'y a rien de voilé qui ne doive être dévoilé, rien de caché qui ne doive être connu.
  • (Matthieu, 10-26)

    Euripide Barsanulfo n'était pas simplement un homme cultivé et un médium remarquable. Il était entièrement dévoué à la Spiritualité Majeure, et même, par son évolution, un ami du Christ.

    Par la psychographie de Francisco Cândido Xavier, l'esprit Hilário Silva nous informe de la rencontre d'Euripide avec Jésus. Cette rencontre peut laisser supposer que notre protagoniste connaissait déjà le maître1 avant de se réincarner... Ecoutons Hilário Silva :

    A Sacramento, dans l'état de Minas Gerais, Euripide Barsanulfo, l'apôtre de la charité, sortait de son corps physique en d'admirables dédoublements lorsqu'une fois, la nuit, il fit un prodigieux voyage astral. Malgré son inquiétude, il montait, montait... comme entraîné selon la volonté de quelqu'un dans un tourbillon d'amour.

    Il montait toujours.

    Il voulut s'arrêter et redescendre, retrouver son corps physique, mais en vain. Des bras intangibles le guidaient dans l'excursion sublime. Il était dans une atmosphère différente, revêtait une forme légère et respirait dans un océan d'air plus léger encore... Il voyagea, voyagea, comme un oiseau téléguidé, puis se retrouva dans une plaine verdoyante. Il observa le beau paysage lorsque, non loin de lui, il aperçut un homme qui méditait, entouré d'une douce lumière.

    Il s'approcha, comme s'il était magnétisé par l'inconnu...

    Puis il s'arrêta, tremblant.

    Quelque chose lui disait de ne plus avancer...

    Ebloui de joie, il reconnut alors le Christ.

    Emu de l'honneur imprévu, il baissa la tête, silencieux, se sentant comme un intrus, incapable de reculer ou d'avancer.

    Il se rappela des leçons du Christianisme, des Temples du Monde, des hommages au Seigneur dans la littérature et dans l'art, et de Son message résonnant parmi les hommes depuis près de vingt siècles...

    Ebloui par la grandeur du moment, les larmes baignaient son visage...

    Reprenant courage, il leva les yeux humblement, et s'aperçut que Jésus pleurait lui aussi...

    Tourmenté par la souffrance de le voir en pleurs, il voulait réconforter l'Ami Sublime... Caresser ses mains ou se prosterner à ses pieds comme un chien loyal...

    Mais il était étrangement rivé au sol...

    Il se rappela alors des tourments du Christ causés par les hommes qui, aujourd'hui encore, lui lancent sur la Terre incompréhension et sarcasme...

    Sur cette pensée, il ne put se contenir et dit, en suppliant :

    - Seigneur, pourquoi pleurez-vous?

    Le Christ ne répondit pas.

    Mais pour être sûr qu'il avait été entendu, Euripide ajouta :

    - Pleurez-vous pour les incrédules du monde ?

    Ravi, le missionnaire de Sacramento vit que le Christ dirigea son regard vers lui. Après un instant, il répondit d'une voix très douce :

    - Non, mon fils, je ne souffre pas pour les incrédules, que nous devons aimer. Je pleure pour tous ceux qui connaissent l'Evangile, mais ne le pratiquent pas...

    Euripide descendit brusquement, comme s'il tombait dans une ombre profonde devant la douleur causée par cette réponse...

    Il se réveilla dans son corps physique.

    C'était l'aube. Il se leva et ne dormit plus.

    Depuis ce jour, sans communiquer à personne la divine révélation qui vibrait dans sa conscience, il se dévoua pour les nécessiteux et les malades, sans un seul jour de repos, jusqu'à sa mort.

    Le récit d'Hilário Silva nous donne une idée du degré d'évolution d'Euripide. Pourtant, il y a peu de temps encore, je ne savais presque rien sur la vie de l'apôtre de Sacramento. A part le livre "Eléments Historiques sur Euripide Barsanulfo"2 d'Inácio Ferreira, que je n'avais pas encore lu, seules quelques chroniques avaient été publiées sur lui, bien qu'il se soit désincarné depuis plus d'un demi siècle ! Néanmoins, son nom m'avait toujours attiré, me causant une étrange impression. Un jour, j'ai subitement senti l'intense désir d'écrire sa biographie. D'où venait ce désir si Euripide Barsanulfo ne m'évoquait pas grand chose ? La Spiritualité influençait ma raison... Pour attirer mon attention, les Amis Spirituels se servaient de mes proches qui, ignorant ce qui m'arrivait, parlaient d'Euripide dans les conversations... Un fait imprévu s'est alors produit.

    Je donnais une conférence à la "Casa Transitória"3, qui abrite des personnes âgées désemparées, où l'on m'a dit que le samedi suivant, à Sacramento, il y aurait une commémoration de la désincarnation d'Euripide, en me demandant si j'y allais... De plus, j'ai fait connaissance le même soir avec Mme. Genny Novelino, soeur de Corina Novelino qui était alors directrice du Collège Allan Kardec...

    Le message de l'au-delà était clair : je devais aller à Sacramento, afin de recueillir les premiers éléments pour l'élaboration de cette oeuvre.

    J'ai ramené à Sao Paulo de nombreux et d'excellents renseignements : le témoignage du professeur Antenor Germano da Silva, ancien élève d'Euripide ; d'Oscar Tolentino Bagueira Leal, guéri en 1916 par le médium de Sacramento ; de Ranulfo Gonçalves da Cunha, dont le père, monsieur Mariano, avait fait connaître le Spiritisme à son neveu Euripide...

    Pendant ce premier voyage, j'ai pu visiter et ressentir les lieux fréquentés par Euripide : Zagáia, où le médium prêchait à la belle étoile ; le Collège Allan Kardec, fondé par lui ; la fermette "Triangle" ; la ferme Santa Maria, bâtie par des esclaves et où Barsanulfo avait développé sa puissante médiumnité... Ces lieux sont toujours imprégnés de sa vibration !

    Au retour, dans l'après-midi, le bus passait par une route en terre battue. Je pensais m'arrêter rapidement à Uberaba, non pas pour assister aux travaux médiumniques de la Communion Spirite Chrétienne, par manque de temps, mais pour revoir Chico Xavier4. J'ai senti alors dans le bus la présence d'un Esprit ami. Attentif en recevant les doux fluides, j'ai clairement entendu une voix me dire :

    - Il y a un message pour vous.

    Je me suis dit : "Si j'assiste aux travaux de Chico Xavier, je vais rater le dernier bus pour Sao Paulo... Je demanderai à Chico de m'envoyer le message par la poste".

    L'esprit, pourtant, a insisté :

    - Il y a un message pour vous.

    Mais, pensant que le message viendrait par l'intermédiaire de Francisco Cândido Xavier, je n'ai pas changé d'avis : "Je demanderai à Chico de m'envoyer le message par la poste... Je lui parlerai avant le début des travaux et je partirai aujourd'hui même vers Sao Paulo".

    Je suis arrivé à la Communion Spirite Chrétienne à sept heures du soir. Chico Xavier, debout dans le salon, recevait les gens, qui formaient une file indienne. Après les salutations, et avant de lui parler du "message qu'il devait m'envoyer par la poste" (je lui avais juste dit que je faisais des recherches sur la vie d'Euripide Barsanulfo), un homme, nerveux, âgé d'une soixantaine d'années a surgi devant nous, et a dit à l'oreille de Chico :

    - J'ai été disciple d'Euripide Barsanulfo.

    - Comment ?

    - J'ai été élève d'Euripide Barsanulfo, à Sacramento.

    Chico Xavier, souriant, lui a répondu :

    - Ah ! Mon cher, alors vous devez parler avec Rizzini, pas avec moi...

    C'était le message promis dans le bus. Je suis allé avec le "monsieur" (il s'agissait d'Angelo Ribas, dentiste à Uberaba) dans une salle voisine où j'ai noté de précieuses informations sur la vie de son ancien maître au Collège Allan Kardec.

    Le dentiste semblait pressé de me raconter ce qu'il savait sur Euripide, comme s'il n'allait plus jamais me revoir... Il voulait même me donner des photographies prises à Sacramento, illustrant la vie de son professeur.

    C'était un témoignage direct, et pourtant obtenu par voie médiumnique...

    Détail très important : le dentiste Angelo Ribas, qui vivait depuis vingt ans à Uberaba, n'était jamais venu voir Chico Xavier !

    Mes Amis Spirituels collaboraient donc de façon objective et même tangible, en me présentant à d'anciens élèves d'Euripide, facilitant beaucoup mon travail.

    Quelques jours plus tard, je suis allé à Rio de Janeiro à la recherche du poète Homilton Wilson, frère d'Euripide. Homme austère et cultivé, sa famille le considérait comme le censeur officiel de tout ce qui se publiait sur Euripide. Il n'admettait pas de fantaisies. Il m'a expliqué quelques doutes biographiques sur l'apôtre et m'a offert un exemplaire du livre "Eléments Historiques sur Euripide Barsanulfo" avec ses notes et errata aux bas des pages, dont voici la première :

    "Homilton Wilson, frère d'Euripide Barsanulfo, ai complété quelques informations de ce livre et en ai supprimé des erreurs et des ambiguïtés."

    Elle est suivie de cette opinion avec sa signature :

    "A mon avis, cet excellent et unique récit satisfaisant à ce jour de la vie d'Euripide Barsanulfo, mérite d'être lu et largement divulgué."

    De retour à Sao Paulo, j'ai recherché M. Zenon Zoroastro Borges, l'un des premiers élèves inscrit au collège Allan Kardec. Jeune homme, il est devenu professeur du cours moyen dans ce collège du temps d'Euripide.

    Je prenais des notes chez lui lorsqu'il m'a parlé d'un détail qu'il avait oublié :

    - Allons voir Margarida ! Elle connaît bien ce cas.

    - De qui s'agit-il ?

    - C'est ma soeur. Elle était aussi élève d'Euripide et habite à côté. Venez...

    Quelle bonne surprise ! J'allais voir un nouveau témoin. Mme. Margarida Borges, en me racontant ce qu'elle savait sur le médium de Sacramento, m'offrit une photographie rare : une vieille photo d'Euripide, sans retouches. En sortant, j'ai dit à Mme Margarida et à Zenon Borges que je reviendrai les voir pour examiner la boîte à chaussures pleine de photographies anciennes... Je suis revenu sans prévenir une dizaine de jours plus tard, et les esprits amis m'avaient réservé une nouvelle surprise !

    Un autre frère de Zenon Borges, venant de la ville de Rio Claro, était de passage à Sao Paulo. Il s'agissait de Manoel Borges, disciple et ami d'Euripide. Après l'avoir informé du motif de ma visite chez ses frères, il m'a dit, en créant un "suspense" :

    - Voulez-vous voir un travail médiumnique d'Euripide Barsanulfo ?

    Puis, Manoel Borges a retroussé une manche et m'a montré fièrement une cicatrice d'environ quinze centimètres de long sur son bras droit.

    - Voilà... Je devais avoir dix ans environ quand Euripide a fait ce travail. J'avais eu un grave accident au collège...

    J'ai embrassé M. Manoel Borges. La photographie du bras opéré, qu'il m'avait envoyée de Rio Claro, allait apporter une nouvelle valeur à ce livre. A présent, grâce aux esprits, nous avions la preuve visuelle d'un travail médiumnique d'Euripide.

    Les "coïncidences" se succédaient. La collaboration des amis spirituels était si objective qu'elle me laissait parfois perplexe. En voici d'autres avant la présentation d'Euripide.

    J'ai recherché un neveu d'Euripide, le dentiste Manoel de Aquino Rezende, dans le quartier de Tatuapé à Sao Paulo. On m'avait dit qu'il conservait des instruments chirurgicaux et des documents ayant appartenu au médium de Sacramento. Rezende m'a affirmé avoir donné les instruments à Corina Novelino pour les exposer au collège Allan Kardec, mais que plus tard, ils avaient disparu... Quant aux documents, il ne les avait jamais possédés. Ma recherche semblait infructueuse. Soudain, le fils de Manoel de Aquino Rezende qui écoutait la conversation, a dit :

    - Au premier étage de cet immeuble habite une dame qui a été guérie par Euripide Barsanulfo. C'est Madame Ana !

    - C'est vrai, s'est exclamé le dentiste en regardant son fils. Amène notre ami à son appartement.

    Ainsi, sans m'y attendre, j'ai recueilli une nouvelle documentation précieuse sur Euripide !

    Voici l'avant-dernière contribution des frères spirituels à la reconstitution de la vie de l'apôtre de Sacramento.

    Plusieurs personnes m'avaient dit que le témoignage de Jerônimo Cândido Gomide était important. Ancien disciple d'Euripide, il était aussi concierge du collège Allan Kardec. De plus, Euripide avait guéri son épouse. Mais pour aller à la petite ville de Palmelo, dans l'état de Goiás, je devais faire un voyage très pénible... Treize heures de bus jusqu'à Goiânia, plus cinq jusqu'à Palmelo. J'avais déjà tant voyagé !

    Un voyage de dix-huit heures, un jour et une nuit durant... Serais-je récompensé ? Une voix spirituelle me dit alors :

    - La récolte sera bonne...

    Suite à cette promesse, je suis allé à Palmelo, la première ville spirite du monde, fondée le 13 Novembre 1937 par Jerônimo Cândido Gomide, homme remarquable qui avait alors plus de quatre-vingts ans.

    Il m'a exposé quatre cas rigoureusement documentés. Puis, sa fille m'a donné deux photographies : l'une d'Euripide, sans retouches, et l'autre montrant le médium le jour de son anniversaire, entouré de plus de cent personnes devant la belle grotte de Sacramento.

    Deux jours plus tard, je suis retourné à Goiânia. Dans le bus, j'ai pensé : "Le voyage a valu la peine. Mais la récolte n'a pas été si bonne..."

    Ma remarque était prématurée, car la récolte n'était pas terminée... A Goiânia, le soir, j'ai participé à une émission spirite à la chaîne de télévision Anhanguera. Le lendemain matin, une demi-heure avant mon embarquement vers Sao Paulo, Mme Maria Antonieta Alessandri m'a parlé du docteur Odilon José Ferreira, ancien élève d'Euripide... Ne disposant que d'une demi-heure, j'ai tout de même insisté pour faire sa connaissance. Odilon José Ferreira, en apprenant que je travaillais à une biographie d'Euripide, a quitté la pièce, puis est revenu me remettre deux feuilles de papier, en me disant :

    - Ce sont des lettres d'Euripide Barsanulfo ! Je les conserve depuis plus de soixante ans. Elles sont jaunies par le temps...

    Deux lettres de la main du propre Euripide ? Quel trésor ! Dans l'une d'elles, le médium de Sacramento faisait un diagnostic à distance.

    - Gardez les lettres. Je sais qu'elles seront en de bonnes mains, a-t-il dit en souriant.

    Odilon José Ferreira a certainement répondu à la sollicitation des esprits. Ainsi, j'ai rapporté un trésor à Sao Paulo5.

    Mes amis spirituels avaient raison. Le long voyage a valu la peine. En vérité, la récolte avait été magnifique. Ces lettres...

    Ci-après le dernier cas médiumnique, lié à l'élaboration de ce livre.

    Dans un de mes voyages à Sacramento, je suis descendu à l'Hôtel du Commerce. Le premier soir, la lumière éteinte dans la chambre, en attendant le sommeil, j'ai soudain eu une vision. J'ai nettement vu une jambe couverte de plaies, détachée du corps, les blessures rougies...

    Cette vision devait avoir une signification. Une personne, témoin des guérisons médiumniques d'Euripide, allait m'exposer un cas d'amputation d'une jambe. Il n'y avait pas d'autre interprétation possible.

    Pourtant, plusieurs semaines passèrent, et... rien. J'avais déjà oublié la vision lorsque, à Sao Paulo, Adelino Ferreira (frère d'Amália Ferreira, la secrétaire d'Euripide) m'a dit :

    - Je viens de me rappeler d'un cas remarquable. Vous devez le noter. Un monsieur catholique qui a vécu à Sacramento avait eu un grave problème avec sa jambe. Il s'agit du major Antônio Goulart, très respecté dans la ville. Bien que catholique pratiquant, le major a visité Euripide et l'a autorisé à couper sa jambe gangrenée. Euripide a réalisé l'amputation en présence de ma soeur Amália, qui faisait souvent l'office d'infirmière...

    - Un moment !

    Puis, j'ai raconté à Adelino Ferreira ma vision prémonitoire de la jambe amputée, dans la chambre de l'Hôtel du Commerce.

    Adelino Ferreira était stupéfait à son tour.

    - Eh bien ! C'est la belle-soeur du major Antônio Goulart qui a construit l'hôtel où vous avez eu la vision. L'hôtel appartenait à Mme. Cândida Goulart6 !

    Ces phénomènes médiumniques démontrent que la reconstitution de la vie de l'apôtre de Sacramento n'est pas le fruit du seul travail de l'auteur de ce livre.

    Cette oeuvre peut manquer de talent et d'art. Toutefois, si la pensée qui l'anime est cristalline comme de l'eau coulant de page en page et revigore l'âme du lecteur, j'aurai atteint l'objectif majeur que je m'étais fixé.

    JORGE RIZZINI


    1 Voir la psychographie A Vida Escreve par Francisco Cândido Xavier.


    2 N d T : "Subsídio para a história de Eurípedes Barsanulfo".


    3 La "Casa Transitória" (Maison Transitoire) appartient à la Fédération Spirite de l'état de Sao Paulo.


    4 N d T : Francisco Cândido Xavier, célèbre médium brésilien.


    5 Une semaine plus tard, je suis retourné à Goiânia. Odilon José Ferreira m'a raconté sa vie du temps d'Euripide, et m'a donné un cahier où il avait noté des cas médiumniques, éléments précieux pour ce travail.


    6 Mme Cândida était la soeur du professeur Teófilo Vieira et de Franklin Vieira, président du conseil municipal de Sacramento.